Hello Kitty : Sauvetage du genre

Aug 23, 2023

Je sens encore l'odeur des copeaux de bois. Cèdre fabriqué, mélangé avec de la terre d'argile rouge et de la paille de pin. Les autres enfants et moi sommes enfermés derrière des barreaux noirs, de l'autre côté de nous, dans un petit tronçon de Clairemont entre Scott et North Decatur. Une enclave ombragée d'arbres et de maisons devant le terrain de jeu Decatur YMCA sur laquelle j'ai fait mes premiers coups de langue. Et entre les barreaux, une touche de plastique brillante jaune et blanche, pas plus grosse que ma main d'enfant de six ans. Un chat en costume d'abeille du Happy Meal de mon ami. Lorsque vous tirez sur sa ficelle, ses ailes battent.

Je n'ai jamais rien vu d'aussi bon de ma vie.

Ma relation avec Hello Kitty commence ici, en août 2000. Elle commence lorsque je sors le jouet de mon propre Happy Meal et que je réalise qu'il s'agit d'une Beast Machines. Pas un chat-abeille, pas un chat en uniforme de McDonald's, juste une Beast Machine. Je me sens trompé et j'essaie d'échanger avec mon ami. Mais très gravement, comme si elle révélait des secrets du gouvernement, elle dit que les garçons ne peuvent pas jouer avec le jouet des filles.

Les adultes adultes de 2005 étaient tout à fait d’accord. Hello Kitty : Roller Rescue a reçu un accueil assez hostile lors de sa sortie cette année-là, ce qui est juste. Cette époque a vu la sortie de jeux qui allaient définir cette génération et ouvrir la voie à la suivante. Des jeux comme Grand Theft Auto : San Andreas, Resident Evil 4 et God of War étaient les grands titres sérieux qui étaient censés m'intéresser. Hello Kitty, Sonic et Pac-Man étaient destinés aux bébés de mauvais goût. Étais-je un bébé de mauvais goût ? Cette insécurité m'a incité à mettre un terme à tous les jeux susmentionnés et plus encore, à construire une identité précaire autour de conneries sanglantes et violentes qui ne me faisaient rien ressentir.

Ce sentiment de soi serait peut-être plus complet si j'avais grandi avec Roller Rescue. Si je ne me sentais pas enrôlé dans un environnement brutal et violent parce que c'étaient des « jeux d'adultes », celui-ci aurait pu être un terrain de jeu positif et renforçant le genre. Il normalise des valeurs qui méritent d’être internalisées, comme le sacrifice de soi et les dangers d’une uniformité homogénéisée. La configuration est simple : le monde paisible de Hello Kitty est perturbé par Block-O, un extraterrestre maléfique qui veut transformer la terre, ainsi que tout ce qu'elle contient, en un cube. Oui : la pire menace pour le monde de Sanrio n’est pas la mort climatique ou le génocide, mais la perte de sa rondeur et sa place. S'intégrer et être pratique sont mauvais ; se démarquer et rester fidèle à ses convictions sont primordiaux.

De plus, la gentillesse ne se limite pas au sexe. Cher Daniel est aussi mignon que My Melody est aussi mignonne que Keroppi. C'est mieux engendré (heh) dans Little Twin Stars, une paire d'enfants célestes dont le pouvoir infini est en quelque sorte terrifiant. Kiki et Lala sont fonctionnellement identiques, de leur bouche à leurs robes. Leurs seules caractéristiques sexuelles distinctives douteuses sont la longueur et la couleur de leurs cheveux. On pourrait vous dire que Kiki est une femme ou que Lala n'a pas de sexe, et leurs créations ne vous donnent pas suffisamment d'informations visuelles pour être en désaccord. Garçon, fille, demi-dieux célestes agender… ils sont finalement ce que vous les laissez être. C'est la vertu du design Sanrio, qui ne limite pas ses créatures masculines à être des vecteurs stéréotypés de masculinité. En tant que terrain de jeu virtuel, c'est affirmer et accepter. Pas d’enfants en chemise Stone Cold pour vous rabaisser et vous traiter d’insultes.

Roller Rescue, lui aussi, n'est qu'un bon jeu lorsqu'il est revisité aujourd'hui. Tenu à la hauteur de ses contemporains, il se situe dans le haut de gamme des jeux de plateforme de mascottes sous licence grâce à un talent important à la barre. Les niveaux sont simples et facilement balisés pour les jeunes joueurs, mais suffisamment variés et verticaux pour ne jamais s'ennuyer. Lancelot Chu, leader de Skylanders : Spyro's Adventure, affiche ici une astuce similaire pour la conception de jeux pour enfants d'une complexité trompeuse, comme il le ferait plus tard dans sa carrière. Et l'artiste principal April Hsu, qui travaillera plus tard sur les illustrations de Darksiders II et Saints Row The Third, traduit l'esthétique distinctive de Sanrio en 3D sans sacrifier sa simplicité caractéristique. XPEC, basé à Taipei, a réuni une petite équipe pour Roller Rescue, une pratique bien trop courante pour les jeux d'enfants de cette époque. Il s'agit d'une série de plates-formes serrées et consolidées qui peuvent être nettoyées en quelques heures et ne dépassent pas leur accueil. Compte tenu des ressources qui leur ont été fournies, le travail réalisé par XPEC est impressionnant.